lundi 18 janvier 2016

Le racisme vu de loin mais vécu de près

« Ta couleur et tes mots tout me va - Que tu vives ici ou là-bas - Danse avec moi - Si tu crois que ta vie est là - Ce n'est pas un problème pour moi […] Et quand tu marches le soir - Ne tremble pas - Laisse glisser les mauvais regards - Qui pèsent sur toi […] - Si tu veux que ta vie soit là - Il n'y a pas de loi contre ça »

Il y a plus de trente ans, Daniel Balavoine chantait l’Aziza, ode à « toutes les races » dixit le Chanteur.
Mais voilà, trois décennies plus tard, les mentalités ont encore bien du mal à évoluer. Dans cet article, je ne vais vous parler d’une histoire générale ni vous faire l’apologie du vivre ensemble mais je vais juste vous raconter un problème vécu :
Mercredi 9 décembre 2015, il est 15h. Je me trouve dans un centre commercial d’une grande ville de province. Il y a trois étages, chacun accessible depuis l’extérieur par le bais d’escalators. J’étais bien évidemment accompagnée de Houmouss (toujours à mes basques celle-là) et nous allions entrer dans le centre par le rez-de-chaussée lorsqu’un vigile que nous n’avions pas vu nous arrête :   
«  S’il vous plait, vous pouvez ouvrir vos sacs ? »
Nous nous exécutons et je remarque que nous sommes les SEULES à avoir nos affaires vérifiées. J’ouvre alors mon sac et le vigile ne prend même pas la peine de regarder à l’intérieur. J’attends, j’attends et rien, c’est alors que je lui colle sous le nez pour qu’il daigne enfin prendre le temps de l’examiner. Après tout, il avait l’air si perturbé par ledit objet... Il y jette seulement un coup d’œil furtif. Bon . . .
Pour Houmouss, c’est une autre histoire, il ne s’intéresse qu’à elle, le reste il s’en cogne. Il attend, il attend (chacun son tour "mon pote") et une fois le sac ouvert, examine méticuleusement ce dernier en prenant bien soin d'y mettre les mains à la recherche d’une silhouette de bombe, j’imagine…   
Une fois le contrôle de douane effectué, nous sommes prêtes à remballer nos affaires et bouillonnant de plus en plus et toujours un peu sonnée par cette arrestation absurde, je lui demande :    
« Je peux vous poser une question, vous arrêtez tout le monde comme ça ou c’est juste au hasard ? »
Je pense que ce dernier a dû être un peu surpris par ma question qui laissait sous-entendre que c’était en fait un gros con.
Et lui de me répondre :   
« Euuuuuh, disons que ….. je me base sur des critères ….. genre la taille des sacs…..    
- Ah ouais ?! Vraiment . . . . . . . »
(Bon là, je lui aurais bien répondu que lui aussi était victime de critères pour exercer son métier, mais répondre au racisme par le racisme, quel est le principe ?! Et comme le disait si bien Audiard : Je ne parle pas aux cons, ça les instruit).
Nous partons et je suis très très très énervée, Houmouss me dit qu’elle est habituée et le prend plutôt bien alors que je suis dans un état second, mais mon petit loukoum, comme dirait ma mère lorsque je pose mes pieds sur la table basse : les mauvaises habitudes, ça se change…

Comment peut-on encore prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages ? J’ai bien conscience que depuis les attentats de novembre 2015 tout le monde est un peu sur les nerfs mais état d’urgence ne signifie pas « je peux tout me permettre avec les musulmans vu qu’il n’y a que cette minorité qui engendre de futurs terroristes ».

Bisous et loukoums 

https://www.youtube.com/watch?v=Dd4qNh4STgU

10 commentaires:

  1. La découverte de nouvelles sensations ? Welcome to this world...
    L'absence de réaction provient non d'un refus de réalité, mais du refus du discours victimaire : le doute bénéficie toujours à un scénario non raciste. Le racisme ordinaire est ressenti, et pourtant pas pointé... par la majorité silencieuse des minorités visibles.
    Enfin... pour ce que j'en pense.

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    1. (Il est fou ce mec) bref
      C : (je te laisse dire quelque chose)
      H : ... J'ai rien compris...

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  2. Bravo pour cet article. Je trouve très intéressant le fait de nous faire part de ce genre d'événement qui peut se produire autour de nous et auquel nous ne faisons pas forcément attention alors que c'est pourtant bel est bien présent : malheureusement.

    En tout cas belle plume !!

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    1. Bravo pour ce commentaire.

      Malheureusement, nous ne faisons pas forcément attention au fait qu'il y a de plus en plus de musulmans en France ...

      En tout cas merci pour le compliment !!

      H : Pour une fois qu'on t'en fait un ...

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  3. Je resens aussi ce genre de truc depuis janvier 2015 même :/
    D'aillerus j'habite une petite ville, en janvier j'ai eu 2 ou 3 scènes du genre, mais en novembre j'ai été surprise de voir que ca s'était calmée dans ma cambrousse, et j'ai même eu droit à des sourires, comme si on voulait me montrer qu'on ne m'en voulait pas presque..
    Enfin bon, je comprends vos réactions à toutes les 2, 2 réactions différentes car il y a d'un côté la témoin d'une scène injuste, et la "victime" de la scène injuste ...
    bisous à vous 2 ^^

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    1. C : T'inquiètes, on te soutient ma sœur !
      H : Genre t'as de la con/passion toi ...

      C'est pour cela qu'on a crée ce blog en fin de compte. Ici, on est entre nous et on peut parler de tout et de rien, qu'importe l'origine, la religion ou la couleur de peau (ou si tu manges du saucisson ou pas) :)

      Bisous et loukoums

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  4. C'est un truc qui me hérisse le poil ce genre de témoignage, j'aurais tapé un scandale au type. Aaargh, Eugénisme bordel ( oui, bon, je suis un peu extrême, je me calme promis).
    Quand tous ces abrutis vont-ils comprendre qu'ils sont manipulés de la plus vicieuse des manières?!

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    1. H : Peut-être qu'ils comprendront quand les poules auront des dents ?
      C : En attendant, c'est eux les pigeons...

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  5. Pareil que toi, je ne sais plus où, j'étais avec mon père, qui est très typé. Même chose, on nous demande d'ouvrir nos sacs, le type a à peine regardé le mien (que je lui ai foutu sous les yeux aussi), et m'a fait une gestuelle qui voulait dire "allez vire-moi ça de là, c'est pas ton sac qui m'intéresse", et il a regardé en détails celui de mon père !

    Avec ma soeur (qui est très typée elle aussi), c'est pareil, les vigiles l'arrêtent elle, et moi ils font même pas gaffe.

    Moi j'appelle ça "délit de faciès" ! J'en ai jamais été victime parce qu'à part les cheveux foncés je n'ai aps les "soi-disant critères" de votre vigile, mais ça m'énerve que ce soient toujours les mêmes les cibles !!!

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    1. Et oui et c'est malheureusement toujours le cas, ça ne s'arrêtera jamais. Ici, c'est un évènement parmi tant d'autres. Mais ce sont toujours les mêmes cibles.
      C : La seule solution c'est qu'Houmouss enlève son voile...
      H : T'as qu'à enlever ton slip, tant que t'y es !

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